Ça ne vous aura pas échappé, «période 1» peut ici avoir un double sens :
septembre-octobre, première période
// période avec 1 iPad
Depuis cette rentrée, je n’ai qu’un seul iPad, le mien.
Voyons ce que ça change, un seul vs 5 auparavant.
👍🏼 C’est possible :
1. PROJETER
– des images et / ou des films (danse notamment, mais aussi chansons)
En travail sur le langage oral, en grand groupe ou en groupe restreint qui a des besoins spécifiques communs.
Cela concerne : le parcours de motricité, la sortie à la boulangerie, l’atelier cuisine pour les gâteaux d’anniversaire faits en classe, un retour sur toute autre activité vécue en classe. On travaille le vocabulaire, la syntaxe, l’articulation, la prise de parole mais aussi la distance à apprendre pour parler ce que l’on a fait.
- lancer une application, discuter de son fonctionnement, de ce que l’on apprend avec celle-ci, où tapoter pour continuer, revenir en arrière
- jouer ensemble (la tablette passe d’élève en élève pour l’interactivité) : c’est sympa, il faut juste rester dynamique pour que tout le monde puisse avoir son tour !
(l’élève de petite section se lasse vite !) - projeter pour écouter une histoire (livre numérique, film ou application) et en parler tous ensemble, partager des hypothèses.
2. AVOIR ACCES A DES RESSOURCES
En consultation, pas forcément pour les projeter donc, mais pour les diffuser, en regroupement sur les bancs (oui, la taille de l’écran suffit), dans les lieux de motricité (en mobilté donc), en sortie à la boulangerie : musique, photos, films.
J’ai une petite enceinte mobile pour ce qui concerne la musique que l’on emmène avec l’iPad pour les séances danse, rondes et jeux chantés. Ok, je pourrais aussi emporter le lecteur CD …
3. JOUER / UTILISER DEUX PAR DEUX
Pour réguler les passages, les élèves ont une petite étiquette à accrocher pour s’inscrire [sur un panneau réservé à l’iPad] sinon, il y aurait toujours les mêmes, les plus hardis / débrouillards / malins !
Comme les temps de passage de chacun ne sont pas assez fréquents, (j’ai 23 élèves, 9 demies-journées), la tablette «fascine», attire encore beaucoup trop l’attention des autres et détourne leur attention surtout, même en fin de période 1.
J’ai dû choisir une petite table, celle qui est au coin regroupement, un peu éloignée des autres tables de manipulation et ateliers, afin que les deux joueurs soient «tranquilles» et que chacun (autour) puisse être à SON activité.
Il n’est pas «interdit» de regarder ce que font les élèves qui ont choisi l’atelier iPad, mais quand il y a 6 ou 8 élèves autour d’eux, debout, ce n’est pas idéal …
Nous avons consacré plusieurs sessions, deux par deux, avec moi.
C’était un temps (indispensable) pour apprendre à jouer : chacun son tour, ne pas monopoliser la tablette, ne pas tapoter tous les deux à la fois : respecter l’autre et ne pas se laisser faire non plus si l’autre monopolise.
Ma présence a été nécessaire pour accompagner cet apprentissage important. Comment lancer une app, tapoter en gérant la pression du doigt (pas du bout de l’ongle non) pas de pression longue. Bref, ils sont petits, ils sont débutants (certains, visiblement, ont déjà expérimenté les objets tactiles en famille !)
- Ils ont joué avec Bitsboard pour apprendre à se connaître, apprendre le prénom des autres, pour manipuler, jouer avec le vocabulaire de l’école.
Tout est nouveau pour les élèves de petite section ! - Ils ont écouté des histoires (iBooks et quelques apps)
- Ils ont utilisé l’imagier de Petit Ours Brun, le généraliste et les trésors de l’automne
(voir les répertoires mis à jour, ou dans les pages ci-dessus, pour retrouver les liens vers les apps citées)
4. CRÉER DES CONTENUS
En mini-groupe de 3, 4 ou 6 (à une table, ou sur un tapis) selon les besoins et en regroupement collectif, sur les bancs.
– LANGAGE ORAL
- Ils ont enregistré chacun leur page du livre collectif de la classe, dans BookCreator
Chacun se présente, dit son prénom. Je partage ce livre avec les familles, sur le blog de la classe. C’est un trombinoscope « enrichi ».
Au mieux, l’élève réussit à faire une phrase « je m’appelle … ».
Je reprendrai ce livre en période 2, chacun enregistrera à nouveau, on entendra les progrès éventuels.
Il pourra être intéressant de garder les deux boutons son, pour apprécier ce progrès.
- Nous avons créé un livre numérique sonore et collectif avec notre répertoire de chansons et comptines, toute la classe en même temps : son et / ou vidéo en direct
Même principe que ci-dessus, on pourra recommencer en période 2, apprécier les progrès, se souvenir.
- J’ai enregistré individuellement quelques élèves pour le bilan langage «dans la cour de l’école», pas tous … 🙁
- En APC, nous avons commencé le travail autour des albums-écho :
- Nous n’avons pas eu le temps d’enregistrer leurs commentaires sur le livre «la sortie à la boulangerie» et «je fais du pain, j’explique».
Ce sera peut-être une des pistes que je vais abandonner …
– SE SITUER DANS LES APPRENTISSAGES
Ils ont utilisé, avec moi, au fil des jours, l’application ABC PhotoBook. Chacun a désormais son petit dossier avec ses réussites.
Il savent que je garde une trace de leurs activités, que je peux les partager avec la famille.
[Beaucoup d’apprentissages en maternelle passent par des manipulations, il est précieux, pour eux, pour nous, de témoigner du chemin parcouru par chacun.]
Ce que les élèves sont en train d’apprendre :
- sur la tablette numérique, on peut jouer / apprendre, chacun son tour, en respectant l’autre : une attitude
- la maîtresse fabrique des jeux / des activités pour nous
- on peut écouter des histoires
- chacun peut participer à créer un contenu que l’on diffuse et partage avec les familles (livre de la classe, livre des chants et comptines …)
- chacun peut avoir son espace et garder trace de ses réussites, qui seront partagées avec sa famille
Les applications de la première période, partagées sur le blog de classe, dans la page spécifique :
👎🏼 Ce n’est pas possible :
- Laisser le temps à chacun de se familiariser avec la tablette numérique, parce que ça ne va pas de soi non, c’est un apprentissage comme les autres.
Le temps d’exposition est déjà limité en classe, 20 mn maximum par session.
Comment alors «réduire les inégalités» (toutes proportions gardées certes, je ne suis pas inconsciente !) (eh non …) en permettant à chacun, et pas seulement ceux qui manipulent déjà en dehors de l’école, de travailler avec l’iPad ?
Il faut du temps pour apprendre, pour être familier d’un suppport d’apprentissage. J’ai eu l’impression de les rationner, un peu comme si je rationnais le matériel de jeu sur les tables … :-/
J’ai d’ailleurs été obligée de rationner un autre coin-jeux à succès : l’inscription au coin-maison se fait sur le même principe (étiquette) parce que seuls les plusmalinshardis allaient y jouer.
La différence est qu’au coin-maison il y a QUATRE places, ça tourne plus vite et les élèves y restent des temps plus longs.
Je ne veux pas non plus, à l’inverse, ne réserver les moments sur l’iPad qu’à ceux qui seraient les plus éloignés de cette culture numérique, parce que cette culture, je la souhaite COMMUNE !
En temps d’APC, je ne garderai, au début, que les élèves les plus fragiles. Or, nous utilisons la tablette sur ces moments, notamment pour les albums-écho.En fait, le temps manque pour en faire un atelier parmi les autres, pas LE truc exceptionnel et qui « fascine ».
- Différencier : s’entraîner / découvrir sur les applications spécifiques : lettres, numération, documentaires : aucun élève n’a encore exploré le contenu que j’ai déposé pour eux sur la tablette.
Bien sûr, lors des moments où j’ai réservé ma présence avec les petits groupes de 2, j’ai orienté vers des jeux adaptés à chacun, mais nous ne sommes pas allés au-delà des apps vus en collectif, faute de temps disponible. Il fallait bien que toute la classe puisse avoir son tour.
Quand on a une seule tablette, on la réserve pour LA priorité dans la classe. Cette année, il s’agit de l’apprentissage de la langue française et de la langue orale.
C’est donc mieux que rien, une seule, ça permet de découvrir ce support d’apprentissage mais c’est un peu frustrant, pour moi, pour eux.
J’ai dû mettre de côté des idées, des activités et des contenus.
Chacun d’entre nous dans la classe aurait aimé aller plus loin.
Ok ok … Ils apprennent AUSSI à quitter leur famille, découper, coller, peindre, gratter, remplir, vider, utiliser une pince, déchirer, partager, tomber et se relever, patienter, écouter, parler, visser, enfiler, gagner, perdre, compter, lire, écrire, dessiner, chercher, comprendre, se taire, rester assis, faire un gâteau, faire du pain, ils ont joué aux voitures, aux Duplos, à la pâte à modeler … J’continue ? 😉
28/10/2016 at 12:34
Merci beaucoup pour tous ces nouveaux articles et remises à jour. Je me retrouve complètement dans ton bilan de période 1. La contrainte du partage et du temps nécessite ici aussi de faire des choix….heureusement l’année n’est pas finie, et les idées ne manquent pas, et mon petit doigt me dit que tu vas te sentir moins limitée
Au plaisir de te lire sur ton blog et ailleurs
28/10/2016 at 14:17
Merci à toi Marie 🙂
Tu crois qu’en période 2, j’en aurai 2 ? Etc …
28/10/2016 at 14:23
À faire lire aux décideurs, aux collectivités territoriales qui n’imaginent la tablette en maternelle que comme une lubie des enseignants ! Merci pour ce bilan intéressant.
28/10/2016 at 16:17
Merci à toi Monique.
Mesdames, messieurs, si vous nous lisez …